Très beau poème, sur le plan du sens au moins, il traite d’une question des plus actuelles, la conversation sur le net avec des êtres virtuels.
Quelques maladresses comme celle lexicale avec l’emploi de l’adjectif « inusité » dans un sens qui n’est peut-être pas le sien, car le poète lui prête ici je crois le sens de « vain, inutile » alors que « inusité » signifie surtout « non employé, non utilisé ». « Inusité » a aussi le sens de « inhabituel, non courant », comme l’indique le Petit Robert, mais il semble que ce n’est pas le sens mis en œuvre ici. On peut relever une autre maladresse grammaticale, «même que » au lieu de « même si », dans le vers « Même que certaines de ces amitiés grandiront ».
Ce poème traite du paradoxe suivant, se voiler pour se dévoiler, cacher son identité pour pouvoir s’exprimer sans gène, pour s’extérioriser ; cette expression s’avère ainsi vitale, puisque l’anonymat dure d’une façon indéfectible selon le poème. C’est peut être la condition nécessaire pour cette durabilité.
C’est cette expression qui constitue un objectif en soi, ce n’est pas comme ailleurs ou cette expression n’est qu’un moyen.
Pour exprimer cet anonymat il aurait été préférable d’employer surtout le pronom indéfini « on » au lieu du pronom personnel « nous ». « On » renforce cet anonymat. le poète aurait aussi employé entre autres la tournure impersonnelle. Exemple, au lieu de « Nous formons de petits groupes » on dira « de petits groupes sont formés ». en masquant le sujet « nous », on exprime davantage qu’il s’agit de gens sans visages. La grammaire s’avère ainsi très importante dans la construction du sens.
Ce sujet de la conversation sur le net mérite en fait d’être discuté amplement ici, on s’interrogera par exemple sur ses causes, mais aussi et surtout sur ses conséquences, sont-elles favorables ou défavorables ? Cette conversation favorise t’elle l’insertion sociale ou bien rend-elle plutôt les rapports sociaux plus difficiles ? Chacun dira comment il conçoit les choses, dans la langue qu’il trouve facile, l’arabe, l’amazigh, l’anglais ou le français. L’essentiel c’est de s’exprimer. Expression qui est devenu avec le net un but en soi comme le dit bien, le poème d’ailleurs!!